10.6.09

LE TEXTE



par Hugues Joudrain









J'imagine qu'un matin, à 4h30, Serge Valletti a regardé par-dessus la palissade d’un jardin et a vu un type une pelle à la main. Trop furtivement pour qu’il puisse savoir si le type rebouchait un trou ou en creusait un. Par la fenêtre de la maison située au fond du jardin, à la lueur d’une pauvre lampe, il a aperçu un deuxième type allongé sur un canapé, la tête bandée. En embuscade, il a écrit le premier dialogue entre Mérédick et Del Monico. Il est revenu à 9h, à 11h30, à 16h, à 18h et enfin à 21h pour surprendre d’autres dialogues. Le soir la pièce était écrite.

Dans ce texte, pas d’indications sur le rapport entre les deux personnages (juste un maigre indice qui pourrait laisser penser qu’ils ont la même mère). Des propos parfois énigmatiques, parfois contradictoires, parfois même incohérents.
Mais tout n’est qu’apparence quand on se plonge dans l’univers de ces deux-là (j’ai failli écrire de Valletti). À travers les mots nous voici Mylène, Serge et moi-même reconstituant leur passé, leur présent et leur avenir. Des heures à hypothéquer, imaginer, déduire et le puzzle est enfin terminé. Nous avons restitué à ces mots qui nous déroutaient l’évidence de leur sens. Nous offrons à Mérédick et Del Monico les raisons de leurs actes et de leurs dires. Merci à l’auteur de nous avoir laissé un tel terrain à défricher.